Les ingrédients d’un avenir plus sain
À l’occasion du Mois de la nutrition et de la Journée des diététistes (16 mars), la Cuisine et santé rénale souhaite reconnaître et remercier son équipe dévouée de bénévoles qui répondent aux questions de la rubrique, Posez une question à un diététiste, soumettent des blogues, proposent et analysent des recettes, et bien plus encore.
- Fiona Bellefeuille
- Jenna Cafferty
- Emily Campbell
- Janet Chu
- Megan Dowling
- Marie-Lou Filiatrault
- Julie Hutter
- Lauren Kapphahn
- June Martin
- Dani Renouf
- Karen Sevorg
- Gurpreet Virk
Par le biais de leur campagne de sensibilisation, Les diététistes du Canada explorent les thèmes de la sécurité alimentaire, de la littératie alimentaire et de la souveraineté alimentaire, pour ne nommer que ceux-là. Ce sont des sujets importants pour toute la population canadienne et certains sont particulièrement pertinents pour les personnes aux prises avec l’insuffisance rénale et pour leurs proches aidants.
Dans cette entrevue, Dani Renouf et son étudiante, Hanna Kim, toutes deux collaboratrices à titre bénévole au site Cuisine et santé rénale, nous font part de leurs réflexions au sujet de ces enjeux et d’autres sujets d’importance pour les personnes vivant avec l’insuffisance rénale et pour leurs proches aidants.
Dani Renouf accorde son appui à Cuisine et santé rénale depuis six ans. En plus d’y publier des billets de blogues, elle crée des vidéos et elle supervise et encourage des étudiantes et étudiants en diététique à contribuer bénévolement au Programme de nutrition de la Colombie-Britannique. Dani Renouf, RD, M. Sc., CDE, est une diététiste professionnelle qui compte à son actif plus de vingt ans d’expérience dans divers secteurs de pratique. Elle occupe actuellement un poste de direction en diététique au sein du Providence Health Care Kidney Care Program et de BC Renal. Dani a fait toutes ses études à l’University of British Columbia. Nous lui sommes reconnaissants de faire profiter Cuisine et santé rénale de son expérience et de son expertise.
- L’insécurité alimentaire est l’un des thèmes abordés dans la campagne de 2022 des Diététistes du Canada à l’occasion du Mois de la nutrition. D’après notre rapport de 2018 intitulé « Le fardeau des déboursés des Canadiens aux prises avec l’insuffisance rénale terminale », 41 % des personnes sous dialyse sont sous le seuil de faible revenu (SFR) canadien contre 8 à 14 % de la population canadienne en général. Comme la diète est une facette importante de la gestion de l’insuffisance rénale, pouvez-vous suggérer des façons de trouver des aliments santé à la fois bon marché et indiqués pour les reins?
Je travaille avec bien des patients qui font face à des obstacles financiers systémiques pour ce qui est de l’accès à des aliments nutritifs. Il est essentiel d’établir une relation durable avec ce groupe de patients pour les aider à surmonter leurs difficultés quotidiennes et à trouver des options ingénieuses et créatives pour avoir accès à des aliments appropriés. Les suggestions qu’on leur donne tiennent compte de leurs besoins individuels et varient en fonction de ce qui est possible. Le système nous limite; cependant, nous pouvons faire de notre mieux en travaillant en étroite collaboration.
Pour d’autres idées, lisez ce billet de blogue publiés précédemment par Dani ; ils contiennent des conseils pour planifier des repas tout en faisant attention à son budget.
- La littératie alimentaire est un autre thème mis en lumière durant le Mois de la nutrition de 2022. Le Règlement sur les aliments et drogues du Canada a récemment été modifié afin d’apporter des améliorations aux étiquettes des aliments. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ces changements étaient nécessaires et en quoi ils concernent les patients aux prises avec l’insuffisance rénale ainsi que leurs proches aidants?
Les quantités de potassium et leur pourcentage de la valeur quotidienne (% DV) figurent désormais sur les étiquettes nutritionnelles. Cependant, les patients souffrant de problèmes rénaux ne doivent pas s’en tenir uniquement aux quantités absolues de potassium, c’est-à-dire au nombre de milligrammes. En faisant appel à un ou une diététiste, ils pourront mieux comprendre les différences d’absorption entre les formes naturelles de potassium et les formes synthétiques de potassium (additifs). Les étiquettes nutritionnelles conviennent encore surtout à la population en général. Les patients souffrant d’insuffisance rénale doivent donc explorer cet outil plus à fond avec l’aide de leur diététiste.
- Les soins en nutrition et la prévention sont un des grands axes du Mois de la nutrition de cette année. Nous savons qu’il est possible de ralentir la progression de l’insuffisance rénale, surtout si elle est diagnostiquée dès les premiers stades. Quels sont les changements les plus importants qu’une personne peut apporter à son alimentation pour aider à ralentir la progression de l’insuffisance rénale?
Tous les patients aux prises avec l’insuffisance rénale doivent surveiller leur apport en sodium. Plus les patients s’adressent tôt à leur diététiste, meilleurs seront leurs résultats quant à la prévention et au report des complications associées à l’insuffisance rénale et à d’autres problèmes de santé chroniques.
Vous pouvez en savoir plus sur la manière de retarder la progression de l’insuffisance rénale en consultant notre page Foire aux questions sur le site Cuisine et santé rénale.
- Un nombre croissant de nouvelles données scientifiques influencent et modifient les recommandations alimentaires pour les patients ayant des problèmes rénaux. Pouvez-vous nous expliquer ces changements et comment ils ont modifié votre approche pour répondre aux besoins nutritionnels des patients vivant avec l’insuffisance rénale.
Nous mettons maintenant l’accent sur les habitudes alimentaires plutôt que sur des restrictions absolues concernant le potassium et le phosphate, en particulier s’ils proviennent de sources naturelles. Dans le passé, nous avions des limites sur le nombre de milligrammes de potassium et de phosphate qu’une personne pouvait consommer quotidiennement. Nous nous rendons maintenant compte que cela n’avait pas de fondement scientifique et que les patients peuvent s’offrir une variété d’aliments de sources naturelles, même s’ils contiennent un nombre élevé de milligrammes de potassium et de phosphate. Je pense notamment aux fruits, aux légumes, aux grains entiers et aux protéines d’origine végétale. Il est essentiel de travailler avec votre diététiste pour comprendre vos besoins particuliers.
- En plus d’être une diététiste spécialisée en néphrologie, vous supervisez des étudiants et étudiantes en nutrition. Pourquoi consacrez-vous autant de temps à ce mentorat?
Ces étudiants et étudiantes sont l’avenir de notre profession. La possibilité de se familiariser plus tôt avec le travail que nous faisons les aide à acquérir de la confiance et des compétences. Lorsqu’ils arrivent à leurs stages, ils savent toute l’importance de l’éducation des patients et ils peuvent préconiser des soins axés sur les patients.
Hanna Kim fait partie des étudiants de Dani et elle est une collaboratrice à Cuisine et santé rénale. Hanna a obtenu son baccalauréat en kinésiologie à l’University of British Columbia en 2020. Elle est maintenant en quatrième année en diététique à l’UBC. Hannah fait du bénévolat en compagnie de Dani Renouf depuis plus de trois ans. Elle rédige des billets de blogue, crée des vidéos de recettes et analyse les recettes publiées sur Cuisine et santé rénale.
- Qu’est-ce qui vous a motivée à étudier en nutrition?
Lorsque j’ai entrepris mes études universitaires, je m’intéressais aux sciences de l’exercice et à la nutrition, mais je ne savais pas par où commencer. J’ai pensé que l’étude de la kinésiologie serait un bon point de départ et ce fut effectivement le cas! En tant qu’ancienne danseuse professionnelle, j’ai rapidement compris à quel point mon alimentation était importante pour optimiser mes performances. Ces expériences ont suscité ma curiosité pour la nutrition, ce qui m’a amenée, au niveau du baccalauréat, à explorer la possibilité d’une carrière en diététique. Lorsque je me suis renseignée sur les différents parcours professionnels en nutrition, je suis tombée sur la diététique et j’ai tout de suite su que c’était pour moi. J’adore l’idée de traduire la science de la nutrition en des informations pratiques fondées sur des données probantes. L’expérience pertinente que j’acquiers auprès de diététistes spécialisés dans divers domaines me motive à aider des personnes, des familles et des communautés à adopter des comportements qui favorisent la santé à long terme..
- Aviez-vous des idées préconçues à propos de la nutrition avant de commencer ce programme d’études et ont-elles changé à mesure que vous avez acquis de l’expérience? Comment cela vous a-t-il aidée dans votre apprentissage et comment mettez-vous en pratique votre optique centrée sur le patient dans votre travail?
Avant d’entreprendre mon programme, j’avais effectivement bien des idées préconçues sur la nutrition. Mon bénévolat en milieu clinique et l’interaction avec divers patients m’ont fait comprendre que la nutrition est quelque chose de personnalisé et qui varie selon les stades d’une maladie. À l’hôpital, j’ai entendu de mes propres oreilles les témoignages de patients au sujet de leur maladie chronique et cette expérience m’a fait saisir toute l’importance de la relation patient-clinicien. En même temps, j’ai appris que la recherche fondée sur des données probantes est une composante essentielle de la profession de diététiste d’autant que les sciences de la nutrition sont en constante évolution. Je suis devenue plus consciente de mes émotions et plus empathique. En tant que future diététiste, j’espère pouvoir nouer des liens forts avec des patients aux prises avec différentes maladies liées à la nutrition.
- La souveraineté alimentaire comprend le droit à une alimentation saine, dans le respect des cultures, produite à l’aide de méthodes durables et respectueuses de l’environnement; cette notion valorise en outre les droits des peuples et le caractère sacré de la nourriture. Nous savons que les personnes d’origine autochtone, asiatique, sud-asiatique, océanienne, africaine/antillaise et hispanique présentent un risque plus élevé d’insuffisance rénale. Quelle est la meilleure façon pour les patients souffrant d’insuffisance rénale et pour leurs proches aidants de gérer et d’inclure les aliments qu’ils connaissent et qu’ils aiment tout en tenant compte de leur besoins nutritionnels nouveaux et souvent complexes?
En tant qu’étudiante en diététique canadienne d’origine coréenne, je pense que les diététistes doivent inviter leurs patients et les proches aidants à leur parler de leur héritage culturel, de leurs traditions alimentaires et de leurs croyances afin d’y intégrer respectueusement des recommandations alimentaires qui sont pertinentes pour eux. Les diététistes et les patients doivent travailler ensemble et apprendre à mettre au point le meilleur plan de soins nutritionnels possible. Pour gérer et inclure les aliments que les patients aiment, les diététistes doivent être conscients de leurs propres préjugés, de leurs croyances et de leur culture lorsqu’ils interagissent avec les patients, se renseigner sur les besoins nutritionnels liés à la culture alimentaire de leurs patients et célébrer respectueusement leurs traditions alimentaires. Cette sensibilisation permettra de développer, en matière de nutrition, du matériel éducatif culturellement mieux adapté pour aider le patient et le proche aidant.