Conseils nutritionnels pour accompagner un traitement conservateur de la fonction rénale 

Par Tamara Farhat, revu par Anna Richardson, MPH RD 

Le « traitement conservateur » (également appelé “soins de soutien sans dialyse”) est un choix non passif de traitement qui consiste à prendre en charge la maladie rénale sans envisager de greffe ou de dialyse. L’objectif de cette approche « préservatrice » en matière de maladie rénale est de préserver la fonction rénale le plus longtemps possible grâce au régime alimentaire et à la médication. En cas de néphropathie, une bonne alimentation joue un rôle crucial dans la préservation de la fonction rénale et dans le maintien d’une bonne santé générale – mais c’est encore plus vrai pour les personnes qui suivent un traitement conservateur. Voici quelques principes nutritionnels clés à garder à l’esprit pour maintenir votre bien-être le plus longtemps possible :

Gérer l’apport en protéines

La maitrise de l’apport protéinique est l’une des préoccupations majeures des personnes atteintes de MRC. Un régime faible en protéines contribue à préserver la santé rénale. Dans l’article L’importance des protéines pour vos reins, on explique comment les protéines affectent nos reins. On y traite aussi de l’importance de connaître la quantité de protéines que l’on devrait consommer. Il est recommandé de consulter un.e nutritionniste agréé.e pour déterminer votre niveau approprié d’apport en protéines, car nous avons tous des besoins spécifiques.

Surveiller l’apport en phosphore

Quel que soit le stade de leur MRC, les personnes atteintes doivent gérer avec prudence les quantités de phosphore et de potassium qu’elles absorbent. Il est important de savoir quelle quantité de phosphore est absorbée selon la source. Le billet de notre blogue Biodisponibilité du phosphore – Quelle quantité de phosphore absorbons-nous selon les aliments ? vous aidera à mieux comprendre la question du phosphore et de son absorption par l’organisme.

Surveiller l’apport en potassium

Dans la mesure où les reins gèrent le taux de potassium dans le sang, il est important de surveiller nos taux de potassium lorsque notre fonction rénale est diminuée. Des niveaux de potassium élevés dans le sang peuvent influer sur le rythme cardiaque. Votre équipe soignante vous indiquera la quantité de potassium d’origine alimentaire qui VOUS convient. Pour connaître les aliments les plus riches en potassium, consultez notre billet de blogue Comparaison des sources alimentaires de potassium.

Maitrise du sodium et des liquides

Dans le cadre du traitement conservateur d’une maladie rénale, une alimentation faible en sodium est nécessaire pour contrôler la pression artérielle et réduire la rétention d’eau. Une étude parue dans le Journal of the American College of Cardiology (2018) souligne l’impact de l’apport en sodium sur la santé cardiovasculaire des personnes atteintes de MRC1.

En s’abstenant de consommer des aliments riches en sodium comme les produits transformés, les soupes en conserve et les légumes marinés, il est possible de réduire le sodium dans notre alimentation. Il est donc crucial de lire attentivement les étiquettes nutritionnelles et de privilégier les aliments contenant moins de 15 % de sodium par portion ou moins de 600 mg par repas. Pour en savoir plus… La stratégie en matière de saine alimentation de Santé Canada : pourquoi la réduction de l’apport en sodium est importante.

Certains d’entre nous pourraient également devoir réduire la quantité de liquides bue, en particulier s’ils urinent moins ou s’ils présentent des œdèmes. Une surcharge liquidienne peut entraîner des problèmes cardiaques et respiratoires.

Choisir des graisses saines pour le cœur

Le choix de matières grasses saines pour le cœur peut contribuer à améliorer les perspectives cardiovasculaires chez les personnes atteintes de MRC. Les acides gras oméga-3 — présents dans les poissons gras comme le saumon ou dans les graines de lin — ont des propriétés anti-inflammatoires. Ils peuvent réduire les risques de complications cardiovasculaires associées à l’insuffisance rénale2. Remplacer les graisses saturées par des choix plus sains peut s’avérer bénéfique pour la santé.

Apport calorique adéquat

Le maintien d’un poids santé est essentiel pour votre santé générale. La dénutrition peut provoquer une fonte des muscles et un état de faiblesse. Un apport calorique adéquat, après discussion avec un.e diététiste, permet de disposer de suffisamment d’énergie pour mener à bien ses activités quotidiennes tout en préservant son état de santé général. Si vous êtes aux prises avec un problème de perte de poids excessive, jetez un coup d’œil à ce billet de blogue : Comment augmenter les calories dans un régime alimentaire adapté à une MRC?

Suivi régulier de la fonction rénale et de la nutrition

Dernier point, il est primordial de suivre régulièrement sa fonction rénale et son bilan nutritionnel. Une bonne collaboration entre la personne atteinte, son équipe soignante et le/la nutritionniste permet d’ajuster le régime alimentaire en fonction de l’évolution de la maladie rénale. Gardez le contact avec vos soignants et communiquez-leur vos questions ou vos inquiétudes.

Le traitement conservateur en matière de maladie rénale met nettement l’accent sur la nutrition pour freiner la progression de la MRC et gérer les complications qui peuvent survenir. Les éléments clés d’une telle approche sont les conseils nutritionnels fondés sur des données probantes – notamment, le contrôle des protéines et des électrolytes, la réduction du sodium, le choix de graisses saines, la maîtrise des liquides absorbés, un apport calorique adéquat et une collaboration régulière avec les professionnels de la santé. En suivant ces recommandations et en collaborant étroitement avec leur équipe soignante, les personnes atteintes d’une MRC peuvent entretenir leur santé et leur bien-être.

Références:

Mente A, O’Donnell M, Rangarajan S, et al. Urinary sodium excretion, blood pressure, cardiovascular disease, and mortality: a community-level prospective epidemiological cohort study. Lancet. 2018;392(10146):496-506.

Mozaffarian D, Benjamin EJ, Go AS, et al. Heart disease and stroke statistics—2016 update: a report from the American Heart Association. Circulation. 2016;133(4):e38-e360.

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