Arti Sharma Parpia, MSc, RD
Depuis qu’on n’exige pas d’indiquer les teneurs en phosphore et en potassium dans les informations nutritionnelles figurant sur les produits alimentaires, cette question constitue un sérieux problème pour les personnes souffrant d’une maladie rénale chronique. Du fait de l’utilisation accrue des additifs à base de phosphore et de potassium, des aliments que l’on ne considérait pas comme « riches en phosphore ou en potassium » en présentent maintenant une teneur élevée. Des études menées aux États-Unis et en Europe montrent que ces additifs alimentaires ont fait grimper la quantité de phosphore et de potassium dans l’alimentation, mais nous n’étions pas certains que ces données s’appliquaient aux aliments vendus au Canada, car aucune étude canadienne n’était disponible sur le sujet.
À titre de nutritionniste en néphrologie auprès de patients et patientes hémodialysés, j’ai toujours trouvé très frustrant de ne pas connaitre les teneurs réelles en phosphore et potassium des aliments qui contiennent ces additifs! Pour essayer d’y voir plus clair, j’ai étudié plus en détail des aliments contenant des additifs avec l’aide de ma directrice de maîtrise, la Dre Pauline Darling, et une équipe de professeurs en nutrition ainsi qu’un néphrologue de l’Université de Toronto. Nous avons analysé plus d’une centaine de produits alimentaires à base de viande, de volaille et de poisson contenant des additifs phosphatés et de potassium afin de les comparer aux mêmes produits sans additifs.
Quelques points saillants tirés de notre étude :
- Les additifs à base de phosphore (comme le phosphate de sodium) et de potassium (comme le lactate de potassium) sont souvent présents dans les produits de viande, de volaille et de poisson transformés, prêts à manger et congelés.
- Les aliments avec des additifs phosphatés contenaient en moyenne 70mg par 100g plus de phosphore que les aliments sans additifs, mais quelques produits contenaient jusqu’à 500 mg de phosphore. C’est l’équivalent de 2 tasses de lait!
- Les aliments avec des additifs à base de potassium en contenaient en moyenne 575 mg par 100g – plus de potassium que dans une banane!
- Les produits de viande, de volaille et de poisson étiquetés comme « à teneur réduite en sel » contenaient 44 % plus de potassium que les produits qui ne l’étaient pas. En effet, des additifs à base de potassium comme le chlorure de potassium, le lactate de potassium et le phosphate de potassium sont souvent utilisés pour remplacer le sel.
- Il n’est pas exigé que le poisson acheté frais au comptoir des fruits de mer comporte une liste d’ingrédients, pourtant il peut contenir des additifs phosphatés.
Que peut-on faire pour conserver la maîtrise de l’apport en phosphore et en potassium dans notre alimentation?
- Si vous suivez un régime alimentaire faible en phosphore ou en potassium, évitez les aliments qui indiquent en contenir sur leur liste d’additifs. Cherchez des mots formés sur « phos » ou« potassium » tels que :
- phosphate de sodium
- tripolyphosphate de sodium
- acide phosphorique
- lactate de potassium
- chlorure de potassium
- phosphate de potassium
- Si vous achetez des aliments « faibles en sodium », cherchez les additifs à base de potassium dans la liste des ingrédients et la teneur en potassium dans les valeurs nutritives.
- Essayez de privilégier autant que possible des produits frais non préparés et non transformés, qu’il s’agisse de viande, de volaille ou de poisson.
Remerciement : ces recherches ont été menées dans le cadre de la maîtrise en sciences nutritionnelles de l’Université de Toronto d’Arti Sharma Parpia. Sa directrice de thèse était la Dre Pauline Darling maintenant professeur auxiliaire à l’Université d’Ottawa. Les membres de son jury de thèse étaient notamment Dre Mary L’Abbé, Dr Marc Goldstein, Dre Joanne Arcand et Dre Bernadene Magnuson. Ces études ont été subventionnées par la Fondation canadienne de la recherche en diététique.